Edmond Pezet
Edmond Pezet est né en 1923 dans une famille de petits paysans du Lot (France). Mobilisé à la libération, il est incorporé en 1946 au corps expéditionnaire français en Indochine. C’est là qu’est né son désir de repartir dans le Sud-Est asiatique comme prêtre missionnaire : « Je ressentais comme le besoin d’une démarche de réparation qui compenserait, à modeste échelle, le mal que j’avais vu causer au peuple vietnamien. »
Ordonné prêtre, il travaille pendant quelques années comme vicaire-instituteur dans un village de son diocèse de Cahors. En 1956, il est envoyé par la Société des Auxiliaires des Missions (S.A.M.) au service d’un évêque autochtone du Nord-Est de la Thailande. Pendant plus de 12 années, il va partager la vie dure des villageois, s’adaptant à leurs coutumes et à leur niveau de vie souvent austère. Il est heurté de voir le clergé du lieu se limiter à recommander aux chrétiens et catéchumènes des observances religieuses étrangères à leur culture. Dans le même temps, s’accroit son intérêt pour la spiritualité bouddhiste des Thaïlandais.
En 1970, Edmond Pezet monte à Bangkok pour y étudier le sanscrit et la doctrine bouddhiste à l’université. Il réside alors dans le wat (monastère) d’un moine citadin. Par la suite, il partage la vie contemplative des « moines de la forêt », fidèles à la pratique rigoureuse des Anciens. Puis, il assure un service paramédical dans un camp de réfugiés cambodgiens. Sa manière de vivre et ses rapports avec les bouddhistes l’amènent petit à petit à se retrouver à distance des autorités de l’Eglise officielle. Finalement en 1989, il rentre définitivement en France, où il devient curé de campagne. Il meurt à la maison de retraite de Gramat le 20 décembre 2008.
Edmond Pezet a pu faire sienne l’intuition fondatrice du Bouddha, une perception de l’ultime dans la réalité de chaque instant. Pour lui, l’important n’est pas de comparer des doctrines. Il a pu comprendre les idées maîtresses de la spiritualité bouddhiste grâce à une pratique assidue de la méditation telle qu’il l’a apprise chez les moines bouddhistes, amenant à un regard nouveau sur le réel.
Dans un livre qui vient de paraître, « Edmond Pezet, un prêtre parmi les moines bouddhistes en Thaïlande » (376 pages) on pourra découvrir de très larges extraits de son courrier envoyé à ses amis et supérieurs, ainsi qu’un choix d’articles publiés dans diverses revues. Leur lecture permettra à celui qui a perçu les limites des affirmations dogmatiques, d’approfondir le sens dernier de son existence.
On conserve en France et dans l'Église, grâce à leurs écrits et à leurs amis, le souvenir des Pères Monchanin et Le Saux qui partirent à la rencontre de l'Hindouisme. Edmond Pezet fut leur égal, à la rencontre du Bouddhisme, mais sa simplicité, son effacement, son apparence si ordinaire, ont fait que beaucoup sont passés à côté de lui sans voir l'être exceptionnel, le grand spirituel qu'il était, qu'il demeure. »
Gérard Bessière